Articles

Le FttH progresse à grands pas: bilan et prospective fin 2019

Rédigé par ID.CiTé le 16/01/2020



Selon les tous derniers chiffres publiés par l'Arcep, ceux du troisième trimestre 2019, la production trimestrielle de lignes FttH n'a jamais jusqu'ici été aussi importante. Il semblerait donc qu’en matière de déploiement de la fibre, la France soit définitivement entrée en phase industrielle. Derrière ces bons chiffres, quelques points d'attention méritent toutefois d'être évoqués. C'est l'objet du présent article.


La production de lignes
Alors qu'elle avait déjà atteint des chiffres importants, la production de lignes FttH continue d'accélérer, comme le montre la courbe du graphe ci-contre.

Cette dynamique cache de fortes disparités entre les trois principales zones de déploiement. En particulier, la production en zone d'initiative publique reste encore moitié moindre qu'en zone d'initiative privé (AMII).
Si l'on s'intéresse au niveau d’avancement des déploiements en fonction de la zone dans laquelle ils sont réalisés, les situations sont encore plus contrastées.

L'Arcep publiant des chiffres qui distinguent les trois zones principales d'initiative privée et publique, il est possible d'observer pour chacune l'évolution du nombre de locaux raccordables et de tenter d'extrapoler leurs situations respectives à l'horizon de quelques années. C'est ce que figurent les courbes dans le graphe d'illustration.

Les extrapolations ont été construites avec la méthode de la courbe en S, utilisée pour le suivi d'avancement en gestion de projet. Elle est particulièrement adaptée au chantier national du FttH et permet d'estimer à quel horizon chaque zone de déploiement pourrait être entièrement couverte.



Réseau cuivre : le début de la fin ?
Le document d'analyse des marchés en vue du prochain cycle 2021-2023 mis en consultation publique par l'Arcep l'été dernier évoquait plusieurs aspects du basculement des abonnés du cuivre vers la fibre. Si on extrapole à l'horizon de la fin du prochain cycle, on constate que le nombre d'abonnés au FttH pourrait dépasser celui des abonnés au xDSL dès le milieu de l'année 2021.

Au-delà de cette importante étape du marché du haut et du très haut débit, la question commence à être débattue de l'arrêt de l'entretien/exploitation du réseau cuivre qui va s'imposer progressivement pour des raisons économiques…



Dynamique commerciale
Le terme "dégroupé" décrit ici la situation d’un "abonné via une offre de mutualisation passive" pour reprendre la terminologie de l'Arcep, c'est-à-dire raccordé par un autre opérateur que celui qui a déployé la fibre.

Alors que le taux de pénétration du FttH n'a en valeur absolue aucun sens véritable, en ce qu'il résulte de la commercialisation de plaques FttH ouvertes, certaines depuis trois mois, d'autres depuis trois ans, la part relative d'abonnés "dégroupés" représente elle un indicateur pertinent. Le graphe ci-contre montre qu'après deux années de progression irrégulière, cette part a d'abord stagné, puis commence pour la première fois dans les chiffres du troisième trimestre 2019, à diminuer. Cela montre qu'il existe aujourd'hui une "prime" à l'opérateur d'infrastructure dont l’impact augmente.


Il ne suffit donc pas que plus de 90% des lignes soient accessibles par deux FAI nationaux pour que la dynamique concurrentielle qui a animé le marché du xDSL se reproduise à l'identique sur le FttH.

Pour améliorer la concurrence sur le nouveau réseau, au moins deux conditions seraient à remplir :
- que l'OI (pour Opérateur d’Infrastructure) ne bénéficie pas de fait d'un avantage concurrentiel notamment en raison de ses campagnes d'information préalables à la commercialisation des lignes ;
- que les OCEN (pour Opérateur Commercial d'Envergure Nationale) qui sont ses concurrents fassent l'effort de connecter les plaques FttH à leur propre réseau, sous peine de voir leurs clients xDSL les quitter pour bénéficier de la fibre optique, au moins pour un temps.


CEREMA - Analyse complète - 2020-01-15