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Outre-Mer - Évaluation des gisements et des modes de production de la biomasse pour la production électrique dans les zones non interconnectées

Rédigé par ID.CiTé le 28/01/2020



La mission relative à la production d’électricité à partir de la biomasse dans les zones non interconnectées au réseau métropolitain (ZNI) a porté sur le territoire des cinq DOM de Guyane, Martinique, Guadeloupe, Mayotte et La Réunion.
Elle a analysé les coûts et les gisements de biomasse à court/ moyen terme pour une production d’électricité en base, sans chercher à déterminer la part de la biomasse dans les programmations pluriannuelles de l’énergie (PPE). La situation de la Guyane, du fait de l’abondance de ses ressources en biomasse d’origine forestière, est assez différente de celle des autres DOM. La biomasse comme source d’énergie est marginale en Guyane avec une seule centrale à Kourou de 1,7 MW, ce qui représente moins de 1 % de la production électrique du département.

La mission estime qu’il est souhaitable de chercher à atteindre les 40 MW prévus dans la première PPE (correspondant à peu près à 450 000 t de bois/an3) et formule des propositions pour la défriche, l’exploitation forestière, le développement parallèle des activités susceptibles de renforcer la sécurisation des projets biomasse. Développer la filière bois-énergie est un choix politique visant à hâter l’abandon des énergies fossiles et à stimuler l’emploi local : au minimum, un supplément annuel d’activité d’environ 30 M€ pour la Guyane est attendu à l’horizon 2023 (450 000 t x 70 €), correspondant à la création d’au moins 700 emplois directs, sans compter les économies d’importation du fioul améliorant la balance commerciale.

En Guadeloupe, Martinique, Mayotte et à La Réunion, îles caractérisées par leur forte densité de population et l’exiguïté de leurs surfaces agricoles, on ne peut identifier de filière bois basée sur l’exploitation de la forêt. Les gisements de biomasse valorisables pour la production d’énergie sont faibles. Quant aux superficies forestières, quasi inexistantes sur Mayotte, elles sont en grande majorité sous un statut de protection ou entre les mains de propriétaires privés peu actifs.

Mayotte excepté, ce sont des îles où la culture de la canne à sucre est fortement implantée, avec des petits planteurs possédant ou louant de faibles surfaces d’exploitation (4 à 10 ha). La canne fournit un sous-produit, la bagasse, excédentaire par rapport aux besoins énergétiques des usines, qui a permis le développement de centrales électriques installées par des industriels de l’énergie à côté des sucreries. Cette biomasse est saisonnière et représente une faible part de la production électrique (en général moins de 10 %), le complément nécessaire pour faire fonctionner les centrales électriques toute l’année étant fourni par du charbon importé.
Pour développer la biomasse énergie, l’opérateur industriel de ces centrales privilégie un scénario de substitution du charbon par de la biomasse importée sous forme de pellets de bois.

En Martinique et à Marie-Galante, l’importation a soulevé l’hostilité des populations et des élus, mais a permis de préparer une stratégie de mobilisation systématique des déchets combustibles, devant pouvoir être valorisés à un coût de revient inférieur aux pellets importés, sans couvrir l’approvisionnement des moyens de production "pilotables" des systèmes électriques de ces territoires.

Les importantes capacités installées de centrales à charbon et charbon/bagasse (90MW en Guadeloupe, 210 MW à la Réunion) nécessiteront un approvisionnement en biomasse, qui fait apparaître la substitution (sucre/énergie) comme une opportunité économique et budgétaire intéressante. La conversion progressive et partielle vers la biomasse permet dans ces deux îles de préserver tous les emplois non industriels du secteur sucrier, soit 90 % de ceux-ci.


De ce fait, les nouvelles PPE de Guadeloupe et de La Réunion devraient prendre en compte des orientations favorables à la canne fibre qui pourraient augmenter significativement la place de la biomasse locale à l’horizon 2030.
La Martinique pourrait aussi s’inspirer de ces deux modèles une fois qu’ils auront fait leurs preuves. Le développement de nouvelles capacités d’incinération des déchets ultimes après tri sélectif se heurte à de fortes oppositions des habitants et des élus. Les trois îles semblent avoir choisi la voie de la transformation en combustible solide de récupération (CSR). Étant donné la problématique généralisée des îles de devoir recourir à de la biomasse importée, il est souhaitable d’orienter ces CSR en priorité vers les installations biomasse ou biomasse/charbon existantes.

A Mayotte, le projet de centrale biomasse prévu par la PPE initiale ne pourra être réalisé qu’à la condition d’importer la biomasse, et semble judicieuse d’un point de vue socioéconomique.


CGEDD - Rapport n° 012218-P - 2020-01-22